Notre centre de réflexion et de partage propose pour l’inauguration de Regalia19, ce 19 mai 2024, une article sur le bleu turquoise.

LA COULEUR BLEU TURQUOISE DANS LE RITE ORIENTAL ET PRIMITIF DE MISRAIM

La couleur est selon le dictionnaire Larousse, une sensation résultant de l’impression produite sur l’œil par une lumière émise par une source et reçue directement (couleur d’une source : flammes, etc.) ou après avoir interagi avec un corps non lumineux (couleur d’un corps). Elle est ce qui s’oppose au noir, au gris et au blanc. On peut donc la considérer comme l’une des caractéristiques essentielles de l’exercice d’une « vue » de bonne qualité. En tant que sensation, la couleur est un phénomène (fait naturel ou expérience) qui exprime la stimulation chez un individu d’un de ses organes récepteurs, en l’occurrence des yeux dans le cas présent mais aussi de la peau en allant plus loin. Ceci démontre l’importance du sens de la vue, tant sur le plan exotérique que sur le plan ésotérique. Symboliquement l’œil est associé à la Lumière et aux facultés de perceptions intellectuelles et spirituelles. C’est sans doute pour cette raison que le mot hébreu « Ayin » signifiant œil veut aussi dire « source ». Ainsi l’expression hébreu « Ain Sof Aor » signifiant la lumière sans limite et figurant la plus haute expression de la lumière du Créateur peut aussi renvoyer à la « source de lumière intarissable ».  

Le binôme vue (yeux) et lumière(œil) est au cœur des démarches religieuse et initiatiques. Cela se retrouve dans la considération générale disant que hors d’un cercle d’initié, on est aveugle et donc dirigé au gré des circonstances alors qu’en étant initié, la lumière nous étant rendue, l’on voit mais aussi l’on se voit. De même, l’initiation par la vue est remarquable chez les anciens bâtisseurs, quelques soient les époques ou les espaces géographiques. Plus proche de nous, citons pour ce qui touche à la maîtrise de la lumière, les émaux permettant la coloration des vitraux dans les cathédrales. L’art sacré des vitraux apparait entre le XIIe et XIIIe siècle et était à la fois, un outil pédagogique permettant de transmettre la connaissance orale de la religion à travers des scènes narratives en même temps qu’un instrument de génération d’ambiance sacré à l’intérieur de l’édifice. 

Grâce aux couleurs primaires à savoir le bleu, le jaune et le rouge, les maîtres concepteurs de vitraux parvenaient à reproduire des gammes de colories très variées afin de représenter le plus fidèlement possible, des décors naturels et spirituels.

La franc maçonnerie spéculative a elle aussi adopté cette approche initiatique par les couleurs pour entre autres fins :

• Distinguer les rites entre eux (rouge pour le REAA, Bleu pour les RER ou les rites de style anglais, Azuré pour les rites égyptiens, etc.) ;
• Différentier les degrés et en préciser l’orientation du travail à accomplir (Bleu, vert ou rouge) ;
• Représenter les plans d’initiation (Bleu, noir, etc.).

Dans le chapitre relatif à la conformation du temple (description du Naos) du livre de la franc maçonnerie égyptienne, Rituels du 1^er degré symbolique de la Grande Loge Mondiale de Misraïm en son premier paragraphe, il est écrit ce qui suit : « le temple est disposé comme toute autre Loge Maçonnique. Toutefois, celui abritant le Rite de Misraïm qui était entièrement tendu de rouge (couleur de l’amour divin et de l’amour humain prêt à donner son sang, sa vie) à l’origine fut à la suite tendu de bleu azur ou turquoise, parsemé d’étoiles d’or au plafond, dont la grande ourse et la petite ourse (représentation du ciel azuré et étoilé) et généralement vouté ».   

Le Rite de Misraïm a choisi la couleur bleu turquoise ou azurée comme teinte distinctive. Après une si longue introduction, tentons d’expliquer le choix de cette couleur par les concepteurs et conservateurs du rite au détriment du rouge.

Le bleu dans la nature

Le bleu est une couleur relativement rare dans la nature. Toutefois, elle possède quelques sources naturelles qui la rendent visible par effet d’optique.  

En premier lieu, le ciel apparaît bleu à la vue de l’homme en raison de la diffusion de la lumière naturelle du soleil dans l’atmosphère terrestre. Il en est de même de l’eau qui de propriété incolore et inodore peut apparaître bleue, en fonction de la profondeur et de la qualité de la lumière qui la traverse. Ainsi, en raison de la réflexion de la lumière solaire à la surface, ainsi que de l’absorption de certaines couleurs par l’eau elle-même, la mer parait bleue.

Le règne végétal produit lui aussi, du bleu visible par le biais de fleurs produisant ces pigments. C’est le cas par exemple des bleuets, des iris et des pensées.

Dans le règne minéral certains minéraux, comme l’azurite, la lazurite et la sodalite, peuvent être bleus en raison de la présence de métaux tels que le cuivre, l’aluminium ou le silicium dans leur composition.

Dans la nature, le bleu est très rare mais il apparait toujours comme la conséquence d’une réalité phénoménologique qui veut se laisser percevoir. C’est le cas de son apparition dans la flamme naturelle d’une chandelle par exemple.   Le bleu produit lors de la combustion de la paraffine est un phénomène de luminescence[1], et plus précisément de chimiluminescence[2].

Le bleu comme symbole de spiritualité

Ces manifestations très spécifiques dans la nature font du bleu, une couleur recherchée et lui confère des propriétés d’ordre spirituel. 

En effet, le ciel du fait de sa hauteur et l’eau en tant que porteuse de vie et représentante de la lumière solidifiée font de la couleur bleu la teinte par excellence des dieux à qui l’on prête les pouvoirs les plus étendus. Vu que sur la terre, leur premier représentant sont les souverains qui exercent en les représentants, des pouvoirs matériels et temporels tous aussi étendus, le bleu est aussi la couleur de la royauté. Le bleu a donc très tôt été assimilé à la spiritualité car dans la nature le firmament (les eaux d’en-haut) témoigne du caractère élevé de cette couleur. A la fois manteau ou piédestal du monde divin, le qualificatif turquoise en fait aussi, un morceau d’éternité à la disposition de l’homme en quête de son grandiose devenir.  

L’explication du symbolisme de la couleur bleu peut être renforcé par l’étude des incidences du bleu dans sa coopération d’avec d’autres couleurs primaires. Bleu + Jaune = Vert (couleur par excellence du feuillage de plusieurs plantes, le vert fait penser aux phénomènes de photosynthèse, de production de chlorophyle) Bleu + Rouge = Violet (Le violet est souvent associé à la spiritualité, au mysticisme et à la méditation et à la contemplation. En chromothérapie cette couleur permet de travailler sur les valeurs de paix et de sérénité). Pour Max Heindel (voir INITIATION ANCIENNE ET INITIATION MODERNE. par Max Heindel. suivi de PRINCIPES ROSICRUCIENS SUR L’ÉDUCATION DES ENFANTS) : Le bleu représente la manifestation des énergies paternelles de la divinité ; Le rouge représente les énergies maternelles et la force d’action de la divinité ;Le Jaune représente le résultat manifesté de l’union des deux couleurs précédentes et une force de stabilisation, autant qu’une énergie de révélation.

La turquoise

À la fois pierre et couleur appartenant à la gamme chromatique du bleu, les Égyptiens croyaient en les pouvoir guérisseurs et protecteurs de la turquoise. La pierre était utilisée pour prévenir des maladies et des accidents.

Les anciens égyptiens croyaient aussi que la turquoise conférait le pouvoir spirituel de communication avec les dieux et les esprits. Ils l’associaient à la déesse Isis, qui était considérée comme la déesse de la VIE et une puissance protectrice. Cette croyance s’est perpétuée au point de compter parmi des protocoles thérapeutiques modernes.   

Des intuitions devenus des approches thérapeutiques modernes 

Initialement, la doctrine des Thérapeutes était une doctrine religieuse et philosophique juive qui a émergé au 1er siècle de notre ère dans la région d’Alexandrie en Égypte. Elle était portée par une communauté d’ascètes qui pratiquait des rites religieux et méditatifs reconnue comme démarche de guérison spirituelle et physique.

Cette doctrine postulait que toute guérison était d’abord spirituelle avent d’être physique. Pour eux, l’être humain était la manifestation de la cohabitation de la bipolarité le corps et l’âme qui déséquilibrée créait la maladie. Ainsi, pour guérir une maladie, il était donc nécessaire de rétablir l’équilibre entre le corps et l’âme. Les techniques pour guérir étaient notamment la méditation, la prière, la musique, le jeûne et l’exercice physique.

De nos jours, deux démarches thérapeutiques peuvent retenir notre attention dans l’utilisation qu’elles font du bleu turquoise, confirmant ce que nous pouvons considérer comme des intuitions de nos fondateurs. Il s’agit des para-médecines suivantes : 

• La chromothérapie[3] : cette pratique thérapeutique utilise les couleurs et la lumière pour favoriser la guérison physique, émotionnelle et spirituelle. Cette approche postule que chaque couleur a une énergie et une vibration spécifiques qui peuvent affecter le corps et l’esprit de différentes manières. Pour elle, la couleur bleue est à associer à la guérison, à la détente et au calme avec la capacité d’apaiser et d’aider à réduire le stress, l’anxiété et la tension émotionnelle.
• La lithothérapie : cette pratique de guérison alternative utilise des cristaux et des pierres pour améliorer le bien-être physique, émotionnel et spirituel car elle considère que chaque pierre possède une énergie et une vibration spécifiques qui peuvent être utilisées pour aider à guérir différentes affections. Dans la chromothérapie, la turquoise permet au corps de se purifier de ses tensions afin de se solidifier pour reprendre confiance en soi et vaincre l’angoisse. Elle possède une excellente influence sur notre système digestif que la Haute Maçonnerie d’Egypte dans ses arcanes considère comme un instrument essentiel pour la préparation du corps à accueillir et à maintenir la lumière.  

Tentant de fournir de la manière la plus synthétique possible, les informations sur la couleur bleu turquoise en tant que teinte clé du rite de Misraïm, la finalité de ce travail n’a été que de mettre sur la voie et d’aider ceux qui le désire à poursuivre leur travail.

La meilleure ouverture pour conclure cette présentation pourra être donnée par le point de vue du Grand Conservateur du rite de Misraïm le TSF PPB.

Le point de vue du grand conservateur sur le choix de la couleur

Voici quelques extraits de « Verbum diminum » au sujet de la couleur du rite :

Cette couleur est « Choisie en fonction d’analogies hermétiques, physiologiques et de pureté aussi attribuée au bleu. D’où cette phrase d’escorte, présente dans les vieux rituels… : « je vous ceints de cette couleur afin que votre quête s’élève vers le ciel ».

Elle fait référence « dans les textes plus anciens encore »… à  … « la couleur bleu, turquoise (Mefkat) pour rappeler au principe (Noun), symbole de vie et de fertilité matérialisé par le Nil (Itéru). Et sa couleur était celle donnée pour la déesse Isis »

Nous conclurons par cet extrait de conversation pour donner suite à notre demande auprès du TSF PPB :

« Avant le turquoise, c’est le bleu ciel qu’aura voulu en finalité Cagliostro (La couleur turquoise, pierre sacrée en Égypte ancienne, symbolisant la renaissance et l’espoir). Ensuite le rouge aura défini le 18e degré, et, de constater que le REAA aura adopté en loge Bleue le rouge ». 

Puissions-nous par le Grand Architecte, renaitre totalement dans la lumière, dans l’espérance et dans la paix. 

J’ai dit !

[1] La luminescence est une forme d’émission de lumière qui se produit lorsqu’un matériau est excité par une forme d’énergie autre que la chaleur. Elle se produit à des températures inférieures à celles requises pour la thermoluminescence ou l’incandescence. La luminescence peut être divisée en plusieurs catégories, dont la chimiluminescence.

[2] La chimiluminescence est une sous-catégorie de la luminescence qui se produit lorsque la lumière est émise lors de réactions chimiques. Cette émission de lumière est provoquée par l’excitation d’un état électronique d’une molécule au cours de la réaction chimique. Lorsque cette molécule retourne à son état fondamental, elle libère de l’énergie sous forme de photons, ce qui produit de la lumière. La chimiluminescence est étudiée et utilisée dans divers domaines, notamment la médecine, la recherche biologique, les dispositifs de sécurité et les spectacles de divertissement.

Ex. : les bâtonnets lumineux, la bioluminescence, le luminol.

[3] Une des dérivés de la chromothérapie est le « phosphénisme » qui est une pratique ésotérique et alternative fondée sur l’étude des phosphènes et leur utilisation dans un but de développement personnel et spirituel. Les phosphènes sont des phénomènes lumineux que l’on peut observer lorsque l’on ferme les yeux et que l’on applique une pression sur les paupières, ou lorsqu’on les expose à une lumière vive. Ils se présentent sous la forme de taches colorées, de formes géométriques ou de motifs qui apparaissent brièvement dans notre champ de vision. Cependant, il convient de noter que les preuves scientifiques soutenant les affirmations du phosphénisme sont limitées.

Les pratiquants du phosphénisme réalisent des exercices spécifiques, notamment en se concentrant sur des sources lumineuses telles que des ampoules ou le soleil (à travers des filtres appropriés pour éviter d’endommager les yeux), puis en fermant les yeux pour observer les phosphènes. Ils combinent souvent ces exercices avec des techniques de relaxation, de respiration ou de visualisation.